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Face au défi Trump : Rendre sa grandeur à la démocratie

Les États-Unis sortent affaiblis du mandat de Donald Trump. Le Président des États-Unis avait promis de « Make America Great Again », de rendre sa grandeur à l’Amérique. Cette recherche de grandeur, a été exprimée par un hard power extrême, consistant notamment à mener des processus de coercition dans les domaines du commerce et de l’économie. Le hard power trumpien s’est brisé sur la crise sanitaire et son impact économique considérable. L’échec de Donald Trump à l’élection présidentielle résulta de l’inefficacité, qu’il avait démontrée dans la gestion d’un désastre sanitaire d’ampleur mondiale. Le contexte électoral, la domination d’un bipartisme excessif, ont favorisé une forte montée des tensions au sein de la population américaine. Après l’annonce de sa défaite, Donald Trump poursuivit sa stratégie de défiance à l’égard des institutions et contesta les résultats, en accusant dans un récit complètement fictif, son rival Joe Biden, d’avoir fraudé. L’assaut du Capitole, lors d’une manifestation pro-Trump où le Président sortant s’était exprimé, constituera le paroxysme de cette manœuvre politique, fondée sur le mensonge et l’exhortation des colères. L’assaut du Capitole risque d’être pour Donald Trump, ce que l’intervention militaire en Irak a été pour George W. Bush : un fiasco stratégique, fondé sur le mensonge. L’incident majeur tant craint depuis l’élection de Donald Trump, s’est finalement produit, au sein même de la société de ce Président populiste et souverainiste. La démocratie américaine a ainsi démontré un affaiblissement saisissant, aux yeux du monde. Déclin important de l’économie, de la cohésion nationale, des institutions, de la démocratie, de la capacité d’influence, d’un leadership mondial, la force des États-Unis a clairement diminué depuis 2016. La tentative d’un hard power extrême par Donald Trump, a mené à une dégradation sérieuse du soft power américain. Nous sommes ainsi passés du « Make America Great Again » triomphant, à la réalité d’une Amérique affaiblie, divisée et fragile, dont le prestige ne cesse de se détériorer. Le défi de réconciliation, d’une clarification de l’identité de la puissance américaine, de la construction d’un leadership bienveillant sur la scène internationale, est considérable pour Joe Biden.

Tous les régimes sont touchés par cette crise de l’efficience du pouvoir. Dans les démocraties, il s’agira de retrouver l’efficacité de l’action politique, de lever les obstacles et de prendre des décisions déterminantes pour la vie des citoyens. Les démocraties devront se montrer également exemplaires, à la fois dans l’organisation de leurs scrutins (nationaux et locaux), mais aussi dans le bon déroulement des processus électoraux des associations et des partis politiques. Nous observons depuis des années, des tentations illibérales au sein des partis politiques, qui peuvent se montrer périlleuses : la personnalisation excessive du pouvoir, l’enfermement clanique, les ambitions personnelles qui ne s’encombrent plus des règles de la démocratie ou le recours à des méthodes autocratiques. Les valeurs démocratiques ne peuvent être défendues et portées que par des acteurs irréprochables. Tous ceux qui affaiblissent la démocratie, en la décrédibilisant par leurs méthodes irrégulières, font le jeu des régimes autoritaires, qu’ils prétendent combattre. La démocratie ne peut pas avoir de pires adversaires, que ceux qui se prétendent résolument démocrates dans un opportunisme de forme, alors qu’ils ne respectent pas dans les faits les règles élémentaires, permettant l’exercice de cette même démocratie. Donald Trump est le catalyseur d’un populisme américain et mondial, qui se nourrit des défaillances des régimes en place. Si les décideurs et responsables politiques veulent mettre fin à la crise de confiance, qui traverse les démocraties, au populisme qui ne cesse de croître, ils devront déterminer les solutions qui permettront de renouer avec l’efficience de l’action politique et l’exemplarité de la pratique démocratique, à tous les niveaux de la société. L’enjeu est finalement de rendre sa grandeur à la démocratie, de corriger ses dysfonctionnements, d’assurer l’efficience de son modèle et de relancer sa capacité d’influence dans les Relations Internationales.

Florian BRUNNER

Président du Think Tank "Europe et Démocratie"

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