Le monde traverse une situation exceptionnelle et inédite. Il est temps de renverser les préceptes anciens et dépassés, de repenser les Relations Internationales, l’avenir du pôle occidental, le rôle des États-Unis, les relations euro-américaines, l’action de l’Union dans le monde, les interactions stratégiques entre les États Membres, ainsi que la politique étrangère de la France. Nous pouvons porter un regard novateur et poser les bases d’une nouvelle politique étrangère.
Depuis le début du XXIème siècle, l’Occident se satisfait d’un statu quo illusoire. Le néo-conservatisme qui s’est imposé aux États-Unis, durant les mandats de George W. Bush, avait pour ambition d’affirmer une puissance américaine invincible, régnant sur le monde. Cette doctrine a contribué à révéler au contraire, la faiblesse des États-Unis. L’usage d’une capacité militaire redoutable ne conduit pas à une victoire décisive et l’Occident demeure désemparé, face aux nouveaux enjeux qui s’imposent dans les Relations Internationales. L’Union européenne est toujours confuse dans son approche des soft et hard power. Elle cherche encore à construire son modèle de politique étrangère, mais les défis la rattrapent et l’urgence impose de faire des choix.
Pour agir, il est essentiel de bâtir une doctrine forte, ancrée dans les réalités du XXIème siècle. A force de courir de crise en crise, d’improviser des thèses incertaines et éphémères, de prétendre se confronter à la réalité impitoyable de l’action sans avoir le temps de penser aux fondements de notre rôle dans le monde, nous avons perdu l’armature de l’influence européenne et occidentale. L’Europe construit une vision stratégique, mais elle s’est montrée trop indéterminée et peine aujourd’hui à prendre les décisions nécessaires. Sans clarification du modèle occidental, il est fort probable que l’Union persiste dans ses hésitations. Le scénario du pire peut s’enclencher, une période noire peut s’ouvrir dans les Relations Internationales, la guerre menace l’équilibre du monde. Seul un pôle occidental rénové, créatif et attractif, sera en mesure de contrer ces périls et d’inclure dans son combat, toutes les puissances bienveillantes. Pour réussir, l’Occident doit rompre avec sa tentation de la précipitation et engager un chantier doctrinal indispensable.
Florian BRUNNER
Président du Think Tank Europe et Démocratie